Rationnement de l'électricité pour le minage de crypto dans le Kazakhstan

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Rationnement de l'électricité pour le minage de crypto dans le Kazakhstan

Calculatrice de coût de minage au Kazakhstan

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Le Kazakhstan a imposé un rationnement strict de l'électricité pour le minage de crypto, mais les défaillances du système laissent encore des failles gigantesques.

En 2021, après l’interdiction totale du minage de crypto en Chine, des milliers d’entreprises ont déplacé leurs fermes vers le Kazakhstan. Le pays, avec ses centrales à charbon et ses tarifs bas, est devenu en quelques mois le deuxième plus grand producteur mondial de Bitcoin. Mais ce boom a brûlé les lignes électriques. Les villes ont commencé à subir des coupures, les hôpitaux ont manqué de courant, et les familles ont dû vivre sans chauffage en hiver. En 2025, le gouvernement a réagi : il a mis en place un système de rationnement contrôlé, mais il n’a pas réussi à éradiquer le vol d’électricité. Des centaines de mégawatts sont toujours détournés chaque jour - et personne ne sait exactement où ils vont.

Comment fonctionne le rationnement officiel ?

Tout minage légal au Kazakhstan doit passer par une plateforme d’achat d’électricité gérée directement par le ministère de l’Énergie. Pas de contrat avec EnergoKazakhstan, pas de négociation avec un fournisseur local. Rien que le système d’État. Et les règles sont serrées : chaque mineur ne peut acheter que 1 mégawattheure par transaction. Pour une ferme de 10 MW, cela signifie 10 achats par heure, 24 heures sur 24. C’est une logistique de cauchemar. Les grandes exploitations doivent avoir une équipe entière pour gérer les achats, les paiements, et les rapports quotidiens.

En plus de ça, les mineurs doivent vendre 75 % de leurs crypto-monnaies sur la plateforme de l’AIFC (Centre financier international d’Astana). C’était 50 % en 2024. Cette mesure vise à contrôler les flux financiers, à empêcher le blanchiment, et à injecter des devises étrangères dans l’économie nationale. Mais elle pèse lourdement sur les petits opérateurs. Beaucoup n’ont pas les ressources pour se connecter à l’AIFC, ni les comptables pour remplir les rapports trimestriels. Résultat : ils ferment, ou passent à l’illégal.

Le gouvernement a délivré seulement 84 licences. Il a enregistré 415 000 machines. Et cinq pools sont accrédités. Chaque machine doit être déclarée, chaque watt comptabilisé. C’est l’un des systèmes de traçabilité les plus rigoureux au monde. Mais il ne couvre que la moitié du marché.

Le vol d’électricité : un crime organisé à grande échelle

En octobre 2025, les autorités kazakhes ont démantelé une opération d’illégalité dans l’oblast d’East Kazakhstan. Pendant deux ans, des employés de la compagnie électrique ont dévié l’électricité destinée aux écoles, aux hôpitaux et aux usines stratégiques vers des fermes de minage clandestines. Le volume volé ? Plus de 50 mégawattheures - l’équivalent de la consommation d’une ville de 60 000 habitants. Le montant estimé ? 9 milliards de tenge (environ 16,5 millions de dollars).

Les profits ont servi à acheter deux appartements à Astana et quatre voitures de luxe. Tous ont été saisis. Mais ce n’était qu’un cas parmi tant d’autres. Les enquêtes révèlent que des réseaux de corruption sont profondément enracinés dans les services d’énergie. Des techniciens modifient les compteurs. Des gestionnaires de sous-stations ferment les yeux en échange de commissions. Les mineurs illégaux paient en cash, en crypto, ou en machines minières. Il n’y a pas de trace. Pas de facture. Pas de rapport.

Le problème ? Le système de rationnement ne peut pas contrôler ce qui se passe en dehors de ses propres limites. Les mineurs légaux sont surveillés. Les voleurs, non. Et tant que les infrastructures électriques restent vieillissantes et mal entretenues, les opportunités de fraude continueront d’augmenter.

Technicien corrompu déconnecte un compteur d'électricité pour alimenter illégalement des machines de minage.

Qui paie le prix fort ?

Les habitants des petites villes sont les premières victimes. À Pavlodar, à Ust-Kamenogorsk, les coupures d’électricité sont devenues normales en hiver. Les familles doivent acheter des générateurs. Les écoles ferment tôt. Les patients en dialyse doivent être transférés dans d’autres régions. Le gouvernement affirme que les mineurs légaux ne consomment que 12 % de la production totale. Mais les experts indépendants estiment que la part réelle, incluant l’illégal, dépasse 30 %.

Et les mineurs légaux eux-mêmes ne sont pas contents. Le système d’achat par tranche de 1 MWh les oblige à gérer des transactions complexes, souvent avec des retards. Les serveurs doivent s’arrêter pendant des heures si le paiement ne passe pas. Les coûts de conformité représentent jusqu’à 15 % de leurs dépenses opérationnelles. Pour certains, il est plus simple de payer un trafiquant d’électricité que de naviguer dans la bureaucratie.

Le plan 70/30 : une solution ou un piège ?

Le ministère de l’Énergie a proposé un nouveau modèle : un partenariat avec des investisseurs étrangers pour construire de nouvelles centrales thermiques. L’idée ? 70 % de l’énergie produite irait au réseau national, 30 % seraient réservés aux mineurs légaux. Cela pourrait augmenter la capacité totale et réduire la pression sur les consommateurs. Mais les critiques disent que c’est juste un moyen de légitimer une industrie qui devrait être réduite, pas étendue.

Et si les investisseurs étrangers ne viennent pas ? Si les centrales sont mal construites ? Si la corruption s’infiltre dans les nouveaux projets ? Le Kazakhstan n’a pas une réputation solide en matière de transparence. Les bailleurs de fonds internationaux hésitent. La Banque mondiale a refusé de financer des projets liés au minage en 2024. L’Union européenne a mis en garde contre les risques de dépendance énergétique.

Mineur face à un plan énergétique gouvernemental, entouré d'images de familles sans électricité et de déchets d'équipements.

Le minage en Kazakhstan : un modèle qui tient debout… mais pour combien de temps ?

Le Kazakhstan est devenu un laboratoire d’expérimentation réglementaire. Il a essayé d’encadrer l’industrie la plus chaotique du numérique. Il a réussi à réduire les grosses fermes illégales. Il a créé un système de traçabilité sans équivalent en Asie centrale. Mais il n’a pas résolu la racine du problème : la faiblesse des infrastructures et la corruption systémique.

Les mineurs qui restent sont de plus en plus grands, mieux financés, et mieux connectés à la bureaucratie. Les petits ont disparu. Les voleurs sont de plus en plus organisés. Et le pays continue de perdre des milliards de tenge chaque année - de l’électricité qui aurait pu éclairer une école, chauffer un hôpital, ou faire fonctionner une usine.

Le rationnement n’est pas une solution. C’est une tentative de contrôle. Et tant que le gouvernement préférera compter les machines que les enfants qui n’ont pas de lumière chez eux, le système restera instable, injuste, et fragile.

Les mineurs légaux ont-ils encore un avenir au Kazakhstan ?

Oui - mais seulement s’ils peuvent payer. Les frais de conformité, les taxes, les coûts de transaction, et les délais administratifs ont fait grimper le prix du minage. En 2025, le coût moyen de production d’un Bitcoin au Kazakhstan est de 27 000 dollars. C’est moins cher qu’en Allemagne ou en France, mais plus cher qu’en Géorgie ou en Géorgie. Et la compétitivité dépend de la stabilité du réseau. Un seul blackout de 48 heures peut effacer deux semaines de profit.

Les grandes entreprises comme Bitfarms ou Argo Blockchain ont réduit leur consommation énergétique de 40 % en deux ans. Elles utilisent des ASICs plus efficaces, des systèmes de refroidissement avancés, et des prévisions météo pour planifier leurs achats d’électricité. Elles survivent. Mais elles ne sont pas le futur du minage au Kazakhstan. Elles en sont la dernière version.

Et maintenant ?

Le Kazakhstan ne va pas abandonner le minage. Il ne peut pas. Il a trop investi dans l’infrastructure, trop de gens ont trouvé du travail dans ce secteur. Mais il doit choisir : soit il renforce les sanctions contre la corruption, soit il continue de sacrifier ses citoyens pour une industrie qui ne paie pas ses factures.

Les États-Unis, la France, et même la Russie regardent ce qui se passe ici. La France étudie l’idée d’utiliser son électricité nucléaire excédentaire pour du minage régulé. La Russie a créé un registre national des machines. Le Kazakhstan, lui, est en train de se perdre dans ses propres règles.

Le minage de crypto n’est pas un problème de technologie. C’est un problème de gouvernance. Et au Kazakhstan, la gouvernance est en train de s’effondrer sous le poids de ses propres contradictions.

Pourquoi le Kazakhstan a-t-il imposé un rationnement d’électricité pour le minage de crypto ?

Le Kazakhstan a imposé un rationnement après que des millions de machines de minage, transférées de Chine en 2021, ont surchargé le réseau électrique national. Les coupures d’électricité ont touché les hôpitaux, les écoles et les foyers. Le gouvernement a dû intervenir pour protéger les services essentiels, tout en essayant de garder une partie du secteur minier comme source de revenus.

Comment les mineurs légaux achètent-ils de l’électricité aujourd’hui ?

Ils doivent acheter directement sur la plateforme du ministère de l’Énergie, en achetant des blocs de 1 mégawattheure maximum par transaction. Ils doivent aussi vendre 75 % de leurs crypto-monnaies sur la plateforme AIFC et payer une taxe de 15 % sur leurs bénéfices. Toutes les machines doivent être enregistrées dans une base de données nationale.

Quelle est la taille du minage illégal au Kazakhstan ?

En octobre 2025, un seul réseau illégal a volé 50 mégawattheures d’électricité - l’équivalent de la consommation d’une ville de 60 000 personnes. Les autorités estiment que le minage illégal consomme entre 15 et 25 % de la production totale d’électricité du pays, soit plusieurs fois plus que les mineurs légaux.

Le système de rationnement a-t-il réduit le minage illégal ?

Il a réduit les grandes fermes illégales non encadrées, mais pas la corruption. Les vols d’électricité se sont simplement déplacés : ils sont maintenant organisés par des employés de compagnies électriques qui vendent de l’énergie à des mineurs clandestins. Le système légal est rigoureux, mais il ne peut pas surveiller ce qui se passe en dehors de ses propres limites.

Les mineurs peuvent-ils encore gagner de l’argent au Kazakhstan aujourd’hui ?

Seulement les très grands acteurs. Le coût de production d’un Bitcoin est de 27 000 $, ce qui est compétitif par rapport à certains pays européens, mais les frais de conformité, les retards d’approvisionnement et les risques de coupures rendent l’activité très risquée. Les petits mineurs ont quitté le pays ou sont passés à l’illégal.

Quelle est la perspective à long terme du minage au Kazakhstan ?

À moins que le gouvernement ne lutte vraiment contre la corruption et ne modernise les infrastructures électriques, le modèle est insoutenable. Le plan 70/30 pourrait apporter plus d’énergie, mais il dépend de l’arrivée d’investisseurs étrangers - et les risques de fraude sont élevés. Sans réforme profonde, le Kazakhstan risque de devenir un exemple de ce que ne pas faire.

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11 Commentaires

  • Emeline R
    Emeline R dit:
    octobre 30, 2025 at 12:45
    Je trouve ça tellement triste... On sacrifie les écoles et les hôpitaux pour des machines qui ne nourrissent personne. Mais on peut faire autrement ! Des solutions existent, il faut juste avoir le courage de les mettre en œuvre. 💪❤️
  • Ronan Hello
    Ronan Hello dit:
    octobre 31, 2025 at 01:42
    Les mineurs légaux c’est bien mais les voleurs eux ils sont les vrais héros du Kazakhstan ils ont juste compris que la loi c’est pour les faibles et l’électricité c’est pour les forts
  • Océane Darah
    Océane Darah dit:
    octobre 31, 2025 at 01:44
    Personne ne parle du fait que le minage c’est une bulle financière qui va exploser et que le Kazakhstan va se retrouver avec des centrales à charbon inutiles et une population en plein hiver sans chauffage. On est dans le déni collectif.
  • Emilie Hycinth
    Emilie Hycinth dit:
    novembre 1, 2025 at 08:17
    C’est juste pathétique. On ne peut pas laisser des pays du tiers monde gérer des technologies aussi complexes. Ils ne comprennent même pas ce qu’est un ASIC. C’est une honte pour l’humanité.
  • Anaïs MEUNIER-COLIN
    Anaïs MEUNIER-COLIN dit:
    novembre 3, 2025 at 03:20
    Et vous avez vraiment cru que ce serait différent ici ? Les gouvernements ne répriment pas la corruption, ils la commercialisent. Le rationnement ? Juste un nouveau nom pour l’exploitation.
  • Baptiste rongier
    Baptiste rongier dit:
    novembre 3, 2025 at 15:22
    Je trouve ça incroyablement complexe mais aussi fascinant. Les gens pensent que c’est juste du minage, mais c’est un système entier d’économie, de corruption, d’infrastructure... C’est un microcosme de nos défis mondiaux.
  • yves briend
    yves briend dit:
    novembre 3, 2025 at 23:04
    Le modèle 70/30 est une tentative de décentralisation énergétique avec une gouvernance hybride. Mais sans blockchain intégrée dans la facturation, sans oracles pour vérifier les flux réels, ça reste un système centralisé avec des couches de compliance superflues. Il faut des smart contracts sur les compteurs.
  • Louis Karl
    Louis Karl dit:
    novembre 4, 2025 at 22:16
    les gars vous avez vu la taille des fermes ilegales ? c’est pas des petits gars avec 5 machines c’est des gros acteurs qui ont des contacts dans les ministères et qui payent en btc. la loi c’est pour les pauvres
  • Beau Payne
    Beau Payne dit:
    novembre 5, 2025 at 22:20
    La vraie question n’est pas comment arrêter le minage… mais comment redonner de la lumière aux gens. 🌍💡 Ce n’est pas un problème technique. C’est un problème de cœur.
  • Laurent Beaudroit
    Laurent Beaudroit dit:
    novembre 6, 2025 at 14:30
    Vous savez quoi ? En France on ferme les centrales nucléaires pour des raisons écologiques. Ici, ils en construisent pour alimenter des serveurs qui créent de la monnaie virtuelle. Le monde est fou.
  • Marc Noatel
    Marc Noatel dit:
    novembre 7, 2025 at 03:29
    Le coût de production du Bitcoin à 27 000 $ est encore compétitif par rapport à la France où les tarifs résidentiels dépassent 0,25 €/kWh. Mais la vraie menace, c’est la volatilité des prix et la dépendance au réseau. Un seul blackout et tout est perdu. Les ASICs modernes consomment 30 % moins d’énergie, mais si l’électricité est instable, c’est peine perdue.

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